Brompton, Économie sociale
Visite au coeur de la Nanobrasserie L’Ancienne Forge
11/11/2021
Brompton, Économie sociale
11/11/2021
Cette idée de créer une nanobrasserie dans ce bâtiment historique qui date de 1914, rue Saint-Lambert, vient du citoyen Gilles Marcil. « Plusieurs personnes se sont inquiétées de l’avenir du bâtiment lorsque nous avons appris que le propriétaire du garage, situé à cet endroit, prenait sa retraite et fermait son commerce, explique M. Marcil. L’idée de créer un endroit rassembleur, où l’on pourrait exposer et faire des activités communautaires, a commencé à germer. »
Le concept a été bien accueilli par le Comité du patrimoine de Brompton, qui a proposé aux initiateurs du projet de créer pour l’occasion un nouvel OSBL. Si le concept a commencé à prendre forme en 2019, tout juste avant le début de la pandémie, le résultat final, lui, s’est fait attendre. C’est donc dans quelques semaines que la nanobrasserie L’Ancienne Forge accueillera ses premiers clients.
L’endroit comptera 54 places à l’intérieur et 46 à l’extérieur (une terrasse est prévue dès le printemps prochain). Une salle privée, une pièce pour la fabrication des bières, ainsi qu’une chambre froide complètent les installations. Cinq recettes de bière seront disponibles aux clients. Elles sont signées par Gilles Marcil, qui porte les chapeaux de concepteur, brasseur et président du comité. S’il avait déjà brassé à quelques reprises pour le plaisir par le passé, c’est sa rencontre avec le Dr Alexandre Drouin, responsable du Certificat de deuxième cycle en sciences brassicoles à l’Université Bishop’s, qui l’a convaincu de pousser plus loin cet intérêt.
« J’ai suivi un cours de brasseur et j’ai créé une dizaine de recettes, dont cinq qui ont été retenues pour lancer la nanobrasserie, explique M. Marcil. Elles ont toutes été goûtées et approuvées par le professeur Drouin, qui, pour sa part, utilisera parfois nos espaces avec ses étudiants pour brasser leurs propres recettes et faire des soirées de dégustation », poursuit-il, précisant que chaque bière aura un nom inspiré de l’histoire de Brompton.
En plus de faire sa propre bière artisanale, la nanobrasserie L’Ancienne Forge aura un menu composé de plats qui seront préparés par des entreprises situées à Brompton, dont le restaurant Le Principal et le IGA.
L’équipe est très fébrile à l’idée d’enfin présenter au public ce grand projet qui a nécessité des milliers d’heures de travail, mais aussi beaucoup de créativité afin d’arriver à ses fins. « C’était au départ un projet de plus de 500 000$, mais nous avons réussi à couper de moitié, explique Michael Jacques, qui porte le chapeau de gérant directeur. Nous avons usé de créativité. Il faut dire que notre responsable des communications, Lisette Lahaie Lemire, connait tout le monde à Brompton et elle est excellente pour créer des collaborations. »
Une campagne de sociofinancement sur la plateforme La Ruche Estrie a permis d’amasser des fonds pour la nanobrasserie. Des milliers d’heures de bénévolat ont aussi été donnés par de nombreux citoyens. Plusieurs entreprises situées à Brompton ont participé à leur façon à ce projet en faisant des dons ou en vendant à bas prix des accessoires et des matériaux.
Par exemple, une partie du bar a été créé avec de la pruche offerte par Sébastien Laramée, de l’ancienne ferme Laramée. La barre repose-pieds du bar a été faite à partir d’un vieux rail de chemin de fer trouvé au Parc de la Rive. Aussi, les tables, les chaises ainsi que certaines lampes viennent du feu bar Chez Rita. Puis, les murs des salles de bain ont été peints par une coopérative d’artistes.
D’autres collaborations pourraient bien être créées au cours des prochains mois, dont une avec l’apiculteur Christian Lambert, dans le but de créer une recette de bière au miel. D’autres microbrasseries pourraient aussi être invitées à offrir leurs produits directement à la nanobrasserie. L’entreprise CFM Robotique, pour sa part, a proposé un service contre un autre, en offrant un bras robotisé qui sera utilisé pour servir de la bière, en échange d’avoir une bière à son nom. Et puisque l’objectif premier de cette nanobrasserie est de mettre de l’avant la culture, l’histoire et les entreprises de Brompton, Gilles Marcil a fait l’achat d’un drone, qui permettra le tournage de belles images pour de futures vidéos faisant la promotion de ce secteur qui possède un riche bagage. Ces vidéos seront entre autres disponibles directement à la nanobrasserie, qui aménagera sur place quatre écrans.
Même le Musée de la nature et des sciences sera présent à sa façon. « Nous avons fait une entente avec le Musée, explique M. Jacques. Il nous prête des artéfacts issus du site paléoindien Kruger 2 de Brompton, datés d’environ 9 600 ans. Il y aura des éclats issus de la fabrication d’outils de pierre, des outils de pierre et des os blanchis. Certains seront mis dans un cadre au mur et d’autres seront imbriqués dans des tables à côté d’un texte d’interprétation historique. Ce prêt est valide aussi longtemps que la nanobrasserie est utilisée dans le cadre de la diffusion locale de l’histoire.
Pour Magnoudéwa Tangou, conseiller en financement d’Économie sociale chez Entreprendre Sherbrooke, ce projet d’OSBL illustre parfaitement la résilience et l’ingéniosité du collectif.
« Depuis plusieurs années que ce projet mijote et on est ébahi par les solutions qui ont été apportées chaque fois que des problèmes surgissaient, indique-t-il. La communauté, les partenaires de l’écosystème de financement en économie sociale, les individus, mais aussi l’entrepreneur général ont été présents pour que ce projet fonctionne, que ce soit dans les opérations ou dans le financement. C’est incroyable le nombre de contributeurs à ce projet tant attendu à Brompton. Ça a été long, mais c’est sûr qu’il ira très loin. »