Économie sociale, Nouvelle entreprise
Un centre d’entrainement adapté prometteur et unique au Québec s’installe à Sherbrooke
14/03/2022
Économie sociale, Nouvelle entreprise
14/03/2022
Un nouveau centre d’entrainement qui vient en aide à une clientèle touchée par des lésions à la moelle épinière vient d’ouvrir ses portes à Sherbrooke. Proposant un programme de récupération efficace et prometteur, le Centre québécois d’entrainement adapté FSWC est le premier du genre au Québec et le 3e au Canada.
La fondatrice, Noriko Imaizumi, s’est inspirée d’un programme déjà existant dans son pays d’origine, le Japon, et qui a fait ses preuves au cours des dernières années dans les deux centres First Steps Wellness, situés à Régina et à Winnipeg. La particularité des programmes offerts est qu’ils sont faits principalement d’exercices intenses et répétitifs, qui ont pour objectif de permettre la récupération de fonctions motrices.
« Tous les organes ont leur influx nerveux qui peuvent s’améliorer avec la stimulation des mouvements, explique la fondatrice du centre sherbrookois. Les exercices proposés aident à la récupération neurologique et contribuent à améliorer les fonctions, mais aussi la qualité de vie des personnes. Les coûts liés aux blessures à la moelle épinière sont importants pour notre système de santé. Par exemple, il y a un client au Centre de Régina qui, avant de commencer son programme, avait besoin d’aide 24 heures sur 24. Aujourd’hui, il a besoin d’aide pour environ 5 à 10 heures par jour, ce qui fait une grande différence. »
Le Centre québécois d’entrainement adapté FSWC a ouvert ses portes le 22 février dernier, sous forme d’entreprise d’économie sociale. Le président du CA, l’athlète paralympique Carl Marquis, n’a pas hésité à s’impliquer dans ce projet lorsqu’il a été approché par Noriko. Paraplégique depuis 36 ans, à la suite d’un accident de ski, il saisit mieux que quiconque toute l’importance de ce projet.
« C’est un entraînement olympique notre programme! Certaines personnes peuvent récupérer 5 % de leur capacité et d’autres 100%; chaque personne récupère différemment. Tout part aussi de la motivation de la personne. Si elle veut s’améliorer et rebâtir ses fonctions motrices, c’est entre ses mains. La semaine dernière, un client me disait que sa vie était éteinte avant de commencer le programme au Centre, mais que depuis, il est au nirvana. Pour moi, ça vaut plus qu’une paye. »
Les programmes personnalisés s’échelonnent habituellement sur plusieurs mois et sont offerts aux clients à prix réduit. « Le système de santé n’est pas bâti pour prendre en charge les patients blessés à la moelle épinière sur une très longue période, explique Noriko. Après un certain temps, ces personnes se retrouvent donc laissées à elles-mêmes. Notre Centre est en quelque sorte un complément au réseau de la santé. Puis, avec les dons des donateurs et des commandites, on arrive à diminuer les coûts du client qui ne détient pas d’assurances. »
C’est dans un local de 2400 pieds carrés, rue Galt Est, que l’équipe accueille ses clients. On retrouve sur place une quinzaine d’équipements, dont un vélo de stimulation électrique fonctionnel (le seul en Estrie). Ce vélo envoie des électrodes pour activer les muscles et améliorer la circulation sanguine.
Présentement, le nombre de kinésiologues sur place se limite à deux et ces derniers ont pu bénéficier d’une formation d’un mois au Centre de Regina, où ils ont aussi eu l’occasion d’explorer un programme spécialisé pour les enfants. Ce programme fera son entrée au Centre de Sherbrooke dans les prochains mois. On espère aussi augmenter le nombre de kinésiologues sur place. L’offre de services est aussi appelée à se développer davantage dans un futur rapproché.
Pour l’instant, les personnes ayant une lésion à la moelle épinière sont principalement ciblées comme clientèle, mais le Centre aimerait aussi accueillir des personnes aux prises avec d’autres conditions neurologiques, telles que la sclérose en plaques, la maladie de Parkinson et la paralysie cérébrale.
« J’ai plein d’idées de collaboration pour la suite, souligne Carl, à la tête du CA. J’aimerais entre autres établir une chaire de recherche avec l’Université de Sherbrooke. Nous développons aussi différents partenariats, dont un avec la Fondation Christian Vachon. Une autre collaboration pourrait même mener au développement d’un programme pour la perte de mémoire », poursuit-il, sur un ton passionné.
Cet engouement, le CA au complet le ressent. Pénélope Roy Dubé, conseillère au développement de l’économie sociale chez Entreprendre Sherbrooke, a accompagné cette nouvelle entreprise d’économie sociale pour plusieurs aspects, dont ceux du financement, du démarrage et pour le volet entrepreneurial de l’organisme.
« Pour assurer le succès d’un projet d’économie sociale, il faut que les valeurs des promoteurs soient en parfaite adéquation avec la mission et les valeurs de l’organisation, indique-t-elle. Il y a tellement de travail et d’embûches à surmonter pour démarrer un projet, et pas d’avantage financier pour les administrateurs, que ça prend forcément des passionnés! Dans le cas du Centre de réadaptation FSWC, ce qui fait la grande force du projet, se sont les administrateurs fortement déterminés, impliqués et passionnés. »
Pour en savoir plus sur le Centre québécois d’entrainement adapté FSWC, rendez-vous ici.
Photos :
Photo 1 : Noriko Imaizumi, fondatrice du centre sherbrookois, Carl Marquis, président du CA, et Luc Côté, membre du CA
Photo 2 : Noriko et Luc, en compagnie de Pénélope Roy Dubé, conseillère au développement de l’économie sociale chez Entreprendre Sherbrooke, et Arielle Drissen, déléguée à l’économie sociale chez Entreprendre Sherbrooke
Photo 3 : André Carbonneau, client du Centre