Développement durable
Réduction d’articles à usage unique : quelques stratégies et actions de commerçants sherbrookois engagés
01/04/2022
Développement durable
01/04/2022
La nouvelle règlementation de la Ville de Sherbrooke visant l’interdiction aux commerçants de distribuer des sacs d’emplettes à usage unique sera mise en application le 22 avril prochain. Est-ce que les commerçants sont outillés pour bien appliquer ce règlement? Quels sont les trucs et conseils utilisés par ceux qui posent déjà des actions pour réduire les articles à usage unique? Entreprendre Sherbrooke s’est penché sur le sujet.
Il y a deux ans, presque jour pour jour, la Ville de Sherbrooke annonçait une nouvelle règlementation visant l’interdiction aux commerçants de distribuer des sacs d’emplettes à usage unique, dans un souci de respect de l’environnement. Puis, la COVID-19 a changé les plans et a retardé de deux ans la mise en application du règlement. La nouvelle date a été fixée au 22 avril 2022.
De nombreux commerçants sherbrookois n’ont pas attendu ce règlement pour enrayer les sacs d’emplettes à usage unique et pour trouver des stratégies dans le but de réduire en général les articles à usage unique. C’est le cas entre autres de la Boutique Kitsch, située au centre-ville de Sherbrooke.
Le commerce de vêtements féminins mode utilise des sacs en papier depuis l’ouverture de la boutique, en 2010. « Nous n’avons jamais eu de sacs en plastique, seulement qu’en papier. De plus, nous vendons depuis peu des sacs réutilisables. Nous prenons ces décisions dans un souci de respect de l’environnement, mais aussi parce que ce sont des sacs qui se réutilisent très bien, en plus d’être jolis », précise la propriétaire de la Boutique Kitsch Stéphanie Dubreuil.
En effet, les sacs de plastique plus épais, de 100 microns et plus, seront toujours acceptés. Ils sont d’ailleurs bien appréciés dans les boutiques de vêtements, tout comme les sacs en papier.
Selon Alexandre Demers, du Conseil régional de l’environnement de l’Estrie, l’écho est positif de façon générale, tant du côté des commerçants que du côté des citoyens. M. Demers, qui a déjà accompagné plusieurs entreprises dans le cadre du programme « ICI on recycle » de RECYC-QUÉBEC, indique que nouveau règlement de la Ville de Sherbrooke est un geste symbolique qui représente un premier pas dans la mise en oeuvre de sa Stratégie de réduction des articles à usage unique.
« Il faut d’abord comprendre que ce ne sont pas tous les sacs qui sont touchés. On parle principalement des sacs en plastique d’épicerie, qui ne sont généralement pas assez épais pour un deuxième usage et qu’on utilise souvent comme sac de poubelle. Une fois qu’il est enfoui, le sac de plastique ne contaminera rien en dehors du lieu d’enfouissement et il finira par se décomposer sur une longue période (des dizaines d’années, voir des siècles selon la composition et l’épaisseur). Le grand problème, ce sont les sacs qui se retrouvent à l’abandon et qui finissent dans nos rues, nos cours d’eau et nos milieux naturels. C’est aussi beaucoup de transformation de ressources et d’énergie pour un produit qui n’est utilisé qu’une seule fois. »
Au Siboire, depuis quelques années déjà, plusieurs efforts sont faits par les membres de l’équipe, afin de réduire leur empreinte écologique au quotidien. Anne-Sophie Gobeil, coordonnatrice aux communications du Siboire, donne quelques exemples concrets :
Du côté du Bistro Kaapeh Espresso, le propriétaire Alberto Navarro souligne que le respect de l’environnement fait partie des valeurs de son entreprise. Il a d’ailleurs fait appel à des étudiants en environnement de l’Université de Sherbrooke plus d’une fois pour avoir des conseils concernant les différentes options qui s’offraient à lui, dans l’optique d’éliminer la vaisselle jetable.
Pailles en métal, pailles en carton recyclable pour les boissons à emporter, verres personnalisés recyclables en carton, contenants pour nourriture compostables, bacs accessibles et faciles à identifier ; différentes actions sont posées.
« On essaie de faire notre part en ce qui a trait à l’environnement et c’est important pour nous de bien s’informer, explique Alberto, à la tête du Bistro Kaapeeh depuis huit ans. On aimerait éliminer complètement la vaisselle jetable, mais c’est un travail qui n’est pas terminé! Les clients sont aussi invités à apporter leurs tasses et contenants personnels. De plus, nous faisons partie du mouvement de La Tasse (tasses consignées et remboursables dans certains commerces participants) et nous sommes abonnés à TerraCycle (entreprise qui permet la collecte et le recyclage de tous types de déchets). »
Le propriétaire du café bistro constate d’ailleurs une évolution significative de la conscience environnementale dans la population. « La plupart des gens qui nous entourent, au Bistro, que ce soient les fournisseurs ou les clients, ont des valeurs environnementales bien ancrées. Mais je constate définitivement chez les gens en général une évolution de leur conscience environnementale, même si la COVID-19 a ralenti le mouvement dans les deux dernières années. »
Notons que globalement, en une année, les articles à usage unique représentent au Canada 3,3 millions de tonnes de déchets plastiques jetées. Moins de 10 % de ces déchets sont recyclés (chiffres de 2016, par Environnement et changement climatique Canada). Cette problématique ne peut être réglée que par le recyclage et passe essentiellement par la diminution de la présence d’emballage plastique dans les commerces, à commencer par les sacs.
Cette stratégie de réduction des articles à usage unique lancée par la Ville de Sherbrooke vise à initier des changements de pratiques et ainsi réduire à la source la quantité de matières générées. La Ville de Sherbrooke souligne tout de même que la première année d’application en sera une sensibilisation, d’éducation et d’information. L’application obligatoire du règlement se fera à partir de l’hiver 2023.
Photos :
1 : Le Bistro Kaapeh Espresso propose des verres personnalisés recyclables en carton.
2 : La Boutique Kitsch vend depuis peu des sacs réutilisables personnalisés.
3 : Le Bistro Kaapeh Espresso est abonné à TerraCycle, une entreprise qui permet la collecte et le recyclage de tous types de déchets.