Conciliation études-travail, Employeurs
Conciliation études-travail ou comment devenir un meilleur employeur
19/07/2022
Conciliation études-travail, Employeurs
19/07/2022
Il y a quelques mois, Le Refuge des Brasseurs remportait les honneurs au concours estrien « Mon boss c’est le meilleur ». Comment cet employeur sherbrookois se démarque jour après jour auprès de ses employés? Quels sont les meilleurs conseils pour attirer les jeunes dans son entreprise? Quels comportements éviter pour ne pas rebuter son personnel? Le projet Conciliation études-travail de Sherbrooke (CET) permet par ses différents services et actions de bien répondre à toutes ces questions.
Avec le manque de main-d’œuvre et la quantité de postes vacants qui ne cesse d’augmenter, on constate que les jeunes étudiants ont l’embarras du choix lorsqu’il s’agit de se trouver un emploi. Le concept de conciliation études-travail prend tout son sens avec cette nouvelle réalité.
«Juste en se déplaçant dans les commerces, on voit que les étudiants qui travaillent sont de plus en plus jeunes », indique Stéphanie Carlos, chargée de projet Conciliation études-travail chez Entreprendre Sherbrooke. « Certains jeunes travaillent déjà à 11 ans, mais ils ne sont pas forcément outillés. Ils vont vouloir faire plus d’heures pour prêter main-forte à leur employeur ou encore pour faire un peu plus d’argent. Ça peut devenir un véritable enjeu. Il faut veiller à ce que le jeune trouve un équilibre entre ses études et son emploi, en sensibilisant les employeurs. Par exemple, lors d’un stage, il faut sensibiliser les employeurs à garder les jeunes sur les bancs d’école avant de les embaucher à temps plein. La diplomation est importante. »
Chapeauté par Entreprendre Sherbrooke, le projet Conciliation études-travail de Sherbrooke offre du soutien, des conseils et de la visibilité aux employeurs, afin de les outiller dans leur gestion de la jeune main-d’œuvre. « Les jeunes sont conscients qu’il y a une pénurie et qu’ils ont une belle marge de manœuvre », précise Stéphanie Carlos.
L’importance d’être visible, de mettre en valeur son entreprise et de bien saisir les besoins des jeunes travailleurs prend encore plus de sens avec cette réalité. Au cours de la dernière année, le Projet Partenaires pour la réussite éducative en Estrie (projet PRÉE) a initié plusieurs actions auxquelles la Conciliation études-travail Sherbrooke a pris part afin de sensibiliser les jeunes et les employeurs. Parmi les activités et événements organisés par la CET ou réalisés en collaboration, notons le Café de l’emploi du Carrefour jeunesse-emploi de Sherbrooke, les Journées de la persévérance scolaire, la Campagne de la rentrée, ainsi que la réalisation d’un sondage auprès des employeurs conciliants pour connaitre leurs besoins en contexte de relance économique et de pénurie de main-d’œuvre.
Ce qui ressort de ce sondage? Le taux de roulement des entreprises a augmenté, voire doublé pour certains, pendant la pandémie. Il faut donc trouver des façons d’attirer des candidats afin de les engager, mais aussi de les retenir. Pas moins de 42 % des employeurs conciliants sondés ont un enjeu au niveau de l’attraction des candidats.
Notons que les employeurs conciliants sondés sont membres du programme Conciliation études-travail Estrie et bénéficient donc de plusieurs avantages. L’entreprise bénéficie d’une belle visibilité pour attirer des étudiants et se retrouve sur le portail « Je choisis mon employeur », sur lequel sont offerts de la formation et des outils. Les offres d’emploi des employeurs à destination des étudiants-employés sont aussi relayées.
À Sherbrooke, à ce jour, on compte 127 employeurs conciliants. Dès septembre prochain, les employeurs sherbrookois intéressés à devenir employeurs conciliants pourront le faire gratuitement, en s’inscrivant sur le site d’Entreprendre Sherbrooke. « Nous allons d’ailleurs travailler en collaboration avec l’équipe du répertoire d’entreprises d’Entreprendre Sherbrooke, dans le but d’aller rejoindre davantage d’entreprises. »
Il y a quelques mois, à l’occasion du concours « Mon boss c’est le meilleur », l’entreprise sherbrookoise Le Refuge des Brasseurs a remporté le prix du « Meilleur boss pour la MRC Sherbrooke », en compagnie de six autres entreprises de la région. Le Refuge des Brasseurs est porté par trois jeunes trentenaires, anciens étudiants de l’Université de Sherbrooke.
« Lorsqu’on a ouvert l’entreprise, on sortait à peine de l’université, raconte Marc-Olivier Brault, copropriétaire du Refuge. On sait que pendant les études, il y a toujours des impondérables. En tant qu’employeur, on pense que plus on prend soin de nos employés, plus ils vont avoir un sentiment d’appartenance et l’envie de mettre des efforts dans leur travail. Nos employés nous disent qu’ils ne se sentent pas comme des numéros. Nous sommes empathiques et ils apprécient l’ambiance de travail. »
C’est l’un des employés, Antoine Boutin, qui a inscrit l’entreprise au concours. Cet étudiant en kinésiologie à l’Université de Sherbrooke n’a que de bons mots pour ses employeurs.
« Dès qu’on a besoin de quelque chose, ils sont là pour nous, même si ce n’est pas en lien avec le travail, raconte le jeune homme. Ils ont déjà ouvert la porte de leur domicile a un employé dans le besoin. Ils sont conciliants, chacun a droit à son opinion, tout le monde est égal et ils évitent la hiérarchie. De plus, ils n’ont aucun préjugé et ne se fient pas au physique et aux stéréotypes pour engager des personnes. »
Antoine explique aussi que son patron Marc-Olivier propose à tous ses employés une activité hebdomadaire, afin de mettre de l’avant le sport et la santé. « Il trouvait que les membres de l’équipe n’étaient pas très actifs physiquement, alors il a créé un événement hebdomadaire, raconte Antoine. Tous les jeudis matin, les employés intéressés à venir marcher ou courir avec lui se retrouvent ensemble, au même endroit. »
Antoine souligne avoir travaillé à plusieurs endroits, principalement des restaurants, avant de trouver sa place au Refuge des Brasseurs. Et comment perdre un employé en dix jours? « Chicaner son employé pour une petite erreur, lui donner aucune autonomie, être toujours derrière son employé à regarder ce qu’il fait ou encore le traiter comme un numéro », répond Antoine.
En tant qu’employeur, est-ce que Marc-Olivier considère que les jeunes d’aujourd’hui exigent trop de leurs employeurs? « Non, les jeunes n’en demandent pas trop, répond-il. Ils ont beaucoup de choix au niveau des emplois, alors ils choisissent les meilleures conditions. C’est normal. À leur place, vous feriez quoi? »
Et quels conseils peut-il donner aux employeurs qui ont de la difficulté à trouver ou retenir ses employés? « Considérez vos employés, ne les traitez pas comme des numéros, restez humain et empathique », répond celui qui ajoutera dans quelques semaines un nouveau service à son entreprise, soit un service de traiteur.
« On s’est fait approcher par une grosse entreprise pour créer un service de traiteur en formule 5 à 7. On l’a fait trois fois jusqu’à présent. Deux chefs cuisiniers du Refuge préparent les bouchées et les tapas. C’est un beau challenge qui leur permet d’être créatifs et de sortir des menus de poutine et nachos. Nous travaillons présentement sur la création d’un livre qui présentera nos menus et nos prix pour le service de traiteur. »
Vous êtes étudiants ou employeurs et avez envie d’en savoir un peu plus sur la Conciliation études-travail? Rendez-vous ici, sur Entreprendre Sherbrooke.
Pour plus de détails sur le Refuge des Brasseurs, rendez-vous au refugedesbrasseurs.ca.
Photos :
Marc-Olivier Brault, Louis-Philippe Brault et Myriam Tremblay Colin, copropriétaires du Refuge des Brasseurs
De gauche à droite, Lisa Champeau, agente de liaison Mobilisation des gens d’affaires pour le projet PRÉE, Marc-Olivier Brault, du Refuge des Brasseurs et Stéphanie Carlos, chargée de projets Conciliation études-travail chez Entreprendre Sherbrooke, lors de la remise du prix Mon boss c’est le meilleur.