Centre-ville de Sherbrooke
Journée de la femme : À la rencontre d’Annie Faucher
08/03/2024
Centre-ville de Sherbrooke
08/03/2024
Dans le cadre de la Journée de la femme, Entreprendre Sherbrooke tenait à mettre de l’avant le portait d’une entrepreneure sherbrookoise qui se démarque tout particulièrement par sa personnalité, sa détermination et son apport dans la communauté et le milieu entrepreneurial de notre ville. Tout naturellement, le nom d’Annie Faucher est apparu.
Cofondatrice et copropriétaire du Liverpool resto billard Night Life avec la complicité de son conjoint Charles Gauthier, Annie roule sa bosse depuis 1991, contribuant sans cesse à faire rayonner le centre-ville.
Q : Annie, dans quel contexte est apparue l’idée de fonder le Liverpool?
R : « Le Liverpool est à la base un vieux rêve du père de Charles, celui de posséder un salon de billard. L’entreprise familiale nous a fait une place dès le début. On nous a confié rapidement les rênes de l’établissement, enchaînant la gestion quotidienne, les projets d’agrandissement, l’ajout de nouveaux produits et services, puis l’intégration à l’actionnariat jusqu’au rachat complet du Liverpool. Nous célébrerons les 33 ans du Liverpool en août prochain. »
Q : À l’époque, la rue Wellington, particulièrement côté sud, regorgeait de commerces, principalement des discothèques et des restos-bars. La rue était bondée d’oiseaux de nuit jusqu’aux petites heures du matin. Déjà, vous étiez à l’avant-garde et usiez d’imagination pour attirer la clientèle. Parle-nous de ces années bien spéciales?
R : « Il est bien vrai que la « Well », comme on la désignait dans sa portion sud, était bien vivante, divertissante et économiquement en santé, surtout en ce qui a trait à la vie nocturne, avec une grande concentration d’établissements licenciés. Il y en avait pour tous les goûts et tous les types de clientèle. L’arrivée du Liverpool sur cette Well souvent malmenée et mal entretenue aura contribué à améliorer la réputation du côté sud de la rue. Au début des années 90, la nouvelle tendance des salons de billard « plus chic » a fait son entrée à Montréal. À Sherbrooke, les établissements de billard étaient davantage de types « Pool Room », des endroits sombres et enfumés. Le Liverpool apportait donc un vent de fraîcheur dans le divertissement offert au centre-ville. Rapidement, la fibre entrepreneuriale et les idées novatrices se sont ancrées dans notre quotidien et sont devenues un stimulant incroyable. On connaît la suite de cette aventure. »
Q : Tu es maman de deux garçons, tu es même grand-maman, comment as-tu réussi à faire la conciliation travail-famille, en tant qu’entrepreneure?
R : « Il faut être deux pour fonder une famille (du moins, dans ce temps-là) et deux pour en prendre soin. Nous avons toujours partagé les tâches et les responsabilités qu’exigeait notre rôle de parents, mais il serait faux de dire que le rôle d’une maman n’a pas son caractère particulier. Ma priorité a toujours été ma famille. Cette énergie et cette fougue qui me caractérisent m’ont permis de passer à travers toutes les épreuves dans la bonne humeur et l’émerveillement. Évidemment, ça prend de la structure organisationnelle, surtout avec une vie nocturne. Les heures de sommeil étaient courtes et les journées longues avec de jeunes enfants, mais tout ça fait partie de la «game». Cette vie ne m’a jamais empêché de les suivre au football ou au basket, et ce, aux quatre coins de la province. Mon rôle de Mamou (grand-mère) me maintient toujours dans un état d’émerveillement avec mes deux petits-fils, avec cette impression d’être devenue une fée qui rend chaque petit moment magique pour eux. »
Q : Au fil des années, tu as certainement accumulé une tonne de souvenirs sur des événements positifs marquants. Nomme-moi deux ou trois de tes plus beaux souvenirs professionnels?
R : « Ma première implication au centre-ville, dans le comité Night Life, en 1992. Du haut de mes 22 ans, avec mes baguettes en l’air et mon franc-parler, je siégeais autour de la table avec les mythiques Ronnie, Jim du Well Pub, Sylvain Auger du Bla Bla et les gars du Graff[1]. J’ai vite compris que si on voulait que ça bouge sur notre rue, il fallait être proactif. C’est ce qui a motivé la suite de mes nombreuses implications depuis trente ans.
Au début des années 90, les gens d’affaires avaient quelque peu déserté le centre-ville pour toutes sortes de raisons. Avec la construction de nos salons privés et la créativité qui m’anime sont nés nos fameux forfaits de groupe alliant divertissement, nourriture et espace intime. Il n’en fallait pas plus pour faire du Liverpool un lieu de rencontres des plus populaires pour des centaines d’entreprises de Sherbrooke. C’est ma plus grande fierté.
Et il y a aussi la mise sur pied du projet Well Inc devenu Quartier Welll Sud. Ce projet est aussi le résultat de plusieurs années d’implication et de prises de position pour défendre les intérêts du centre-ville et de son développement économique. J’ai déchiré ma chemise pour que le ministère des Transports du Québec accepte d’installer un panneau indiquant une sortie au centre-ville sur la route 610, dans les années 2000. Le centro, c’est devenu mon cheval de bataille. »
Q : Pour être entrepreneur.e, il faut plusieurs compétences, certes, mais il faut aussi de la détermination et de la passion. À quel point la passion et la détermination sont importantes pour la réussite d’une entreprise?
R : « La passion, ça nourrit le quotidien. Ça rend les choses moins lourdes et ça cultive l’instinct, car il faut croire en son instinct en affaires. Parfois, la première idée est souvent la meilleure, mais il faut prendre le temps de la peaufiner. La détermination, c’est l’épée qui nous permet de vaincre tous les défis. C’est notre source intarissable de solutions qui nous permet de repousser nos limites et de nous sortir parfois de notre zone de confort, pour se sentir plus vivants. »
Q : On sait à quel point il est important d’avoir des employé.es fidèles et engagé.es. Comment t’y prends-tu?
R : « On n’est rien sans nos employé.es. Ils sont le prolongement de la passion que tu souhaites partager avec ta clientèle. Il doit y avoir du respect en premier lieu. Il faut aussi avoir une écoute active, s’intéresser à leur quotidien et à ce qu’ils vivent à l’extérieur du travail. Il faut aussi prendre du temps pour leur démontrer tous les résultats positifs liés aux tâches qu’ils ont accomplies. Il faut les aimer pour qui ils sont et non seulement pour ce qu’ils font. »
Q : Et la famille et les ami.es dans tout ça? Tu arrives à avoir une vie sociale intéressante à l’extérieur de l’entreprise?
R : « Charles dirait que oui, trop (rire). Toute ma toute vie professionnelle est basée sur les relations humaines. J’aime profondément les gens et je cultive mes amitiés comme un jardin précieux. Ma famille est au cœur de chacune de mes décisions. J’ai une vie active et j’adore recevoir à la maison. »
Q : Récemment, un nouveau coup dur a frappé ; à peine quelques semaines après l’annonce des rénovations terminées au Liverpool, qui concordait avec la fin des travaux sur la rue Wellington Sud, un incendie majeur ravageait l’édifice voisin au vôtre, causant de sérieux dommages à votre bâtisse. Le Liverpool a dû fermer ses portes temporairement pour la remise en état des lieux. Qu’est-ce qui te permet, dans ce drame, de tenir le coup?
R : « La sagesse des années, un peu de lâcher-prise sur les choses que je ne contrôle pas, ainsi que le support incroyable de nos familles, nos amis, nos clients et de la communauté d’affaires. Je nourris mon courage avec tous ces messages reçus depuis six semaines. »
Q : Selon toi, d’où vient cette énergie positive que tu dégages et qui te permet de toujours regarder en avant ?
R : « J’ai toujours eu le bonheur facile. C’est une bonne question… je dirais ; une enfance heureuse, une vie bien remplie, la curiosité de vouloir toujours en apprendre plus et mon éternel optimisme. Je n’ai pas de temps à perdre avec le négatif. C’est du gaspillage d’énergie. »
Q : La rue Wellington pour toi c’est …
R : « Toute ma vie! J’y suis arrivée en 1988. J’y ai rencontré ma destinée tant personnelle avec Charles que professionnelle avec le Liverpool. Tout ça à la même adresse, le 28 Well Sud. »
Q : L’entrepreneuriat pour toi, c’est…
R : « Développer une idée à partir de rien, y croire envers et contre tous, la structurer, la tester, la faire grandir et la partager avec passion pour que les gens y croient à leur tour et en profitent. »
Q : La réussite, pour toi, c’est …
R : « Partir de zéro chaque matin pour terminer la journée en ayant accompli une ou plusieurs petites choses. Poser chaque jour un petit geste qui a un impact positif sur les gens qui m’entourent. Tout ça me rend heureuse et satisfaite. »
[1] Café Bla Bla, et feus Ronnie, Well Pub et Graffiti ont été de véritables institutions sur la rue Wellington Sud dans les années 80 et début 90.
Photos: Page Facebook d’Annie Faucher.