Économie sociale
La chiffonnière : au service du milieu culturel, du patrimoine et du développement durable
08/02/2022
Économie sociale
08/02/2022
Une nouvelle entreprise d’économie sociale, qui entremêle les arts et la culture aux pratiques écoresponsables, fait son apparition dans le paysage sherbrookois. Installée dans le nouveau Humano District (l’ancien couvent Mont-Sainte-Famille, rue Galt Ouest), La Chiffonnière propose des services de consultation, de décoration, de conception et confection de costumes, ainsi que de la location de costumes, accessoires et matériel pour du tournage.
Guylaine Carrier cumule les costumes et accessoires de tous genres depuis plus de dix ans. Costumière et scénographe, elle enseignait jusqu’à tout récemment au Séminaire de Sherbrooke, au programme collégial Arts et Lettres profil Théâtre. Pendant dix ans, elle a pu partager avec ses étudiants sa passion derrière son immense collection. Puis, une situation hors de son contrôle l’a obligée à revoir ses plans de carrière. Contrainte de quitter les locaux du Séminaire principalement en raison de l’abolition du programme, Guylaine a été invitée à explorer l’option de l’entrepreneuriat collectif.
« Entreprendre Sherbrooke m’a contactée l’automne dernier pour me renseigner sur l’entreprise d’économie sociale et voir s’il y avait un intérêt de mon côté », explique celle qui possède des milliers de costumes et accessoires provenant de différentes époques, servant à des productions de théâtre, de télé et de cinéma.
« J’ai bonifié ma collection au fil des ans avec des dons et des achats, poursuit-elle. J’achète rarement de la nouveauté. Je pars de ce que j’ai pour ensuite le transformer. L’idée de valoriser les ressources m’a toujours tenu à cœur. Quand je travaillais au Séminaire avec les étudiants, on reprenait les mêmes décors, on transformait la matière déjà existante. L’écoresponsabilité fait partie de mes valeurs et l’idée de se transformer en entreprise d’économie sociale allait de soi, puisque je veux que mes costumes et accessoires servent à ma communauté. »
Conseillère au développement de l’économie sociale chez Entreprendre Sherbrooke, Pénélope Roy-Dubé voyait les nombreuses possibilités entourant la collection de Guylaine Carrier. « Je voyais tout ce patrimoine, notre passé, notre histoire qui allait être jeté et je voulais le mettre de l’avant, souligne Pénélope. Je vois plein de possibilité et d’idées pour la suite, que ce soit des campagnes de sociofinancement ou des collaborations avec d’autres organismes à but non lucratif, qui ont des valeurs semblables et des pratiques écoresponsables. »
La Chiffonnière prend forme
Au cours des dernières années, plusieurs artistes ont fait appel au talent et aux connaissances de Guylaine Carrier, que ce soit à titre de costumière, d’accessoiriste ou de directrice artistique. Elle a entre autres travaillé sur des courts métrages, des publicités et des vidéoclips, dont celles de David Goudreault (Le nouveau matériel), Kevin Parent (Beau malheur) et Catherine Major (La panique). Elle collabore aussi avec différentes écoles secondaires, dont Le Ber et Montcalm.
Avec ce nouveau projet d’entreprise d’économie sociale, Guylaine et son conseil d’administration sont confiants que de nouvelles collaborations se présenteront dans les prochains mois. C’est dans un local de 898 pieds carrés que l’instigatrice de La Chiffonnière réalisera ses activités. Déménagée dans un nouvel environnement en plein cœur des fêtes de Noël, Guylaine voit le projet prendre forme. Sa mission est bien ciblée. Son offre de service aussi. La Chiffonnière vient d’ailleurs d’accepter de réaliser un projet de décoration au Carrefour de l’Estrie. Elle travaillera aussi bientôt sur un long métrage signé par le réalisateur Anh Minh Truong. Notons qu’elle est aussi ouverte à partager son espace avec d’autres artisans.
Métamorphoser les objets. Transformer les mentalités.
Pour chaque projet, l’aspect environnemental restera au cœur des préoccupations de La Chiffonnière. « C’est un secteur où il y a beaucoup de gaspillage. Par exemple, si un spectacle ne part pas en tournée, le matériel est souvent jeté sans qu’on le réutilise. Avec La Chiffonnière, je veux transformer les mentalités et apporter des réflexions. »
Et pourquoi avoir choisi le nom de La Chiffonnière? « Ce nom fait référence à un vieux métier en France (du 19e siècle), répond-elle. Les chiffonniers fouillaient dans les poubelles pour reprendre et transformer des objets jetés. Le chiffonnier est l’ancêtre du récupérateur, un métier qui a malheureusement disparu avec le temps dû à notre manière de consommer. »
Vous avez des objets ou vêtements qui ne vous servent plus et vous croyez qu’ils pourraient être utiles à La Chiffonnière? Rendez-vous sur l’onglet Don du site Internet lachiffonniere.com.